Samedi 4 juin, premier jour de marche. Je me lève, prend mon petit déjeuner. Je souhaite aller à la cathédrale à la messe de 7h, si si, 7 h... c'est la messe de bénédiction des pèlerins. Je ne m'attendais pas à une chose pareille, c'est vraiment magnifique... J'ai ressenti une paix intérieure, plein d'énergies positives... Le prêtre présent ainsi que les religieuses sont très apaisants, et nous envoie vers St Jacques... Nous sommes invités à écrire une prière sur un papier qui sera emmené par un pèlerin dans les prochains jours, et nous piochons à notre tour une prière écrite par un pèlerin les jours précédents. Cette prière, nous l'amènerons jusqu'à St Jacques. Un chapelet ainsi qu'une médaille nous est offert.

Les portes de la cathédrale s'ouvrent et nous partons... C'est impressionnant de voir tout ce monde partir dans la même direction.

Premiers pas, découvertes... je parle de temps en temps avec des gens... Je découvre. Quelques kilomètres plus loin je m'arrête prendre un café.

Pierre

 C'est dans le milieu de la matinée que je me met à suivre un pèlerin parmi tant d'autres. De derrière, il me fait sourire, car il marche pour la première fois avec des bâtons de marche, et ça se voit. Je le double, le salue, on commence à discuter. Il s'arrête manger quelque que part, il me rattrapera après ma pause déjeuner... Puis nous finissons la journée ensemble.

Nous marcherons presque toute la semaine ensemble. Pierre habite en Normandie et commence le chemin après son départ en retraite.   Il est marié et à un fils. Il pense marcher jusqu'à Conques.

Le soir, nous arrivons sous la pluie à St Privat d'Allier après 24 kms de marche. Je ne pensais pas que je pourrais marcher autant. C'est génial. J'ai entendu parler d'un gîte « donativo », tenu par un couple dont la femme est originaire de Nantes. Nous arrivons, il y a de la place. Nous serons 13 dans le dortoir : 3 italiens, Tanguy qui a marché avec deux filles de la région de Toulouse, une Suisse, un frère et une sœur, un scout et un gars de Toulon. Le repas est pris ensemble, en famille... C'est chouette !!! Chacun se présente autour de la table. Puis l'heure vient de se coucher, et je suis bien contente d'avoir emmener mes boules quiès car ça ronfle dur dans le dortoir.

19 h, je vais dans un petit resto, commande le menu pèlerin, un petit verre de vin rouge pour fêter les vacances. Puis arrive un "pèlerin" que j'ai vu quelques instants plus tôt à l'association des amis de St Jacques. Il me demande s'il peut manger avec moi. Pas de problème.

C'est ainsi que je fais connaissance avec Tanguy, un vendeur de diamant de 35 ans environ. On boit un verre ensemble, on commande un deuxième pichet, on prend le café sur la terrasse, on fume un peu malgré la pluie... et voilà... le « Chemin » commence...

Les portes du gîte ferment à 22h. Nous courrons sous la pluie. On arrive avant la fermeture, et on continue notre discussion dans la salle de bain pour ne pas déranger les autres pèlerins qui dorment déjà. Tanguy me raconte ses voyages, notamment Madagascar où il va négocier les diamants à la mine...

Je prends le train pour Le Puy en Velay le 3 juin.

Maman et Nicolas m'accompagnent à la gare. Je suis dans le train, changement à Lyon, puis St Etienne.

Enfin j'arrive au Puy, il est 17 h. J'ai réservé ma première nuit à l'association des amis de St Jacques. Le logement, dans une ancienne école, est proche de la cathédrale. Je regarde les plans du Puy à la sortie de la gare et trouve la rue où je dois me rendre. C'est dans le Vieux Puy. A peine arrivée, je suis déjà dans l'ambiance de la marche, car ça monte pour aller jusque dans les vieux quartiers...

Les rues sont pavées, je compare à Lisbonne, ça y resà l'association des amis de St Jacques. « Isabelle, ah oui, c'est toi qui a réservé, installe ton sac là, tu veux boire quelque chose ? », l'accueil organisé par des anciens pèlerins est super sympa. Je monte à la chambre, 8 lits... Il y a déjà quelqu'un qui s'y repose. J'installe mes affaires après avoir laissé mon sac dans le hall, dans un sac poubelle aspergé de produit en prévention des fameuses punaises de lit.

Puis je sors. Je me sens bien, apaisée, en vacances. Je monte à la cathédrale. Il y règne une atmosphère de paix, des énergies positives partout. Je brûle un cierge et pense à papa qui est passé ici il y a déjà quelques années. Les émotions m'envahissent...

Je me promène dans les rues proches de la cathédrale, et vais à l'association des amis de St Jacques car un accueil y est organisé tous les jours. J'achète ma crédenciale. C'est un petit carnet où l'on appose un tampon tous les jours, des lieux où le pèlerin s'arrête.  Cette crédenciale, arrivé à St Jacques de Compostelle, atteste du chemin parcouru, et permet d'obtenir la Compostella. Je rencontre quelques personnes, demande des renseignements pratiques sur le déroulement du chemin, notamment s'il est nécessaire de réserver dans les gîtes, où manger ce soir.

2011, je me lance sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. Depuis longtemps je souhaitais partir. Mon père l'a fait deux fois, une fois en partant de Nantes en 1998, et l'autre fois, en plusieurs étapes entre 2000 et 2005, en partant du Puy en Velay. Alors moi, je ne vais pas attendre la retraite...

Le 4 juin 2011 je me suis retrouvée au Puy en Velay avec mon sac à dos.

Pourquoi partir ? je venais de vivre une histoire d'amour douloureuse, et j'avais vraiment besoin de prendre le large. J'avais besoin de me reconstruire après cette relation destructrice, de réaliser quelque chose, seule.

Quelle voie choisir ? Je choisis de partir du Puy en Velay car je pars seule. S'il m'arrive quelque chose sur le chemin, il y aura toujours quelqu'un pour me secourir.